Droits face à l’obsolescence programmée: comment se protéger et agir en tant que consommateur

Face à l’obsolescence programmée, de nombreux consommateurs se sentent démunis. Comment se protéger contre cette pratique qui consiste à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour inciter à le remplacer plus rapidement ? Quels sont les droits des consommateurs et les recours possibles ? Cet article vous propose un tour d’horizon des moyens à votre disposition pour lutter contre l’obsolescence programmée en tant que consommateur averti.

Comprendre l’obsolescence programmée et ses différentes formes

L’obsolescence programmée est une stratégie commerciale visant à réduire volontairement la durée de vie d’un produit, afin d’inciter le consommateur à le remplacer plus fréquemment. Elle peut prendre plusieurs formes :

  • Obsolescence technique : il s’agit de concevoir un produit avec des composants qui auront une durée de vie limitée, ou qui seront difficiles voire impossibles à réparer ou remplacer.
  • Obsolescence esthétique : elle consiste à provoquer un sentiment de démodé chez le consommateur en lançant régulièrement de nouveaux designs ou fonctionnalités sur le marché.
  • Obsolescence logicielle : elle se caractérise par l’impossibilité pour un produit de fonctionner correctement sans une mise à jour logicielle, qui peut ne pas être proposée ou être payante.

La législation en vigueur contre l’obsolescence programmée

En France, la lutte contre l’obsolescence programmée est inscrite dans la loi depuis 2015. La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a introduit le délit d’obsolescence programmée dans le Code de la consommation (article L. 441-2). Ce délit est passible d’une peine de deux ans d’emprisonnement et d’une amende de 300 000 €, pouvant être portée à 5 % du chiffre d’affaires annuel moyen des trois dernières années.

La loi prévoit également un certain nombre de dispositions visant à renforcer les droits des consommateurs face à cette pratique :

  • Allongement de la durée légale de garantie : depuis le 18 mars 2016, la garantie légale de conformité est passée de deux à cinq ans pour les biens durables (électroménager, matériel informatique…).
  • Affichage de la durée de disponibilité des pièces détachées : les fabricants doivent informer les vendeurs sur la période pendant laquelle ils s’engagent à fournir des pièces détachées pour leurs produits. Les vendeurs doivent ensuite communiquer cette information aux consommateurs avant l’achat.
  • Mise en place d’un indice de réparabilité : depuis le 1er janvier 2021, certains produits électriques et électroniques doivent afficher un indice de réparabilité sur une échelle de 1 à 10, permettant aux consommateurs d’identifier les appareils les plus faciles à réparer.

Les recours possibles en cas d’obsolescence programmée

En tant que consommateur, vous disposez de plusieurs moyens pour agir face à l’obsolescence programmée :

  • Faire valoir vos droits en garantie : en cas de panne ou de dysfonctionnement d’un produit pendant la période légale de garantie (deux ans pour les biens meubles, cinq ans pour les biens durables), vous pouvez demander au vendeur la réparation ou le remplacement du produit. Si cela n’est pas possible, vous avez droit à une réduction du prix ou à l’annulation du contrat.
  • Déposer une plainte auprès de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) : si vous suspectez un fabricant ou un vendeur d’avoir recours à l’obsolescence programmée, vous pouvez saisir la DGCCRF qui mènera une enquête et pourra engager des poursuites.
  • Soutenir ou rejoindre des actions collectives : certaines associations de consommateurs mènent des actions contre l’obsolescence programmée, comme des campagnes d’information ou des procédures judiciaires. Vous pouvez les soutenir financièrement ou en devenant adhérent.
  • Privilégier l’achat de produits durables et réparables : en tant que consommateur, vous avez le pouvoir d’orienter le marché vers des pratiques plus responsables en choisissant des produits affichant un bon indice de réparabilité et en privilégiant les entreprises engagées dans la lutte contre l’obsolescence programmée.

Le rôle des avocats dans la lutte contre l’obsolescence programmée

Les avocats ont un rôle important à jouer dans la lutte contre l’obsolescence programmée, en accompagnant et conseillant les consommateurs dans leurs démarches pour faire valoir leurs droits. Ils peuvent notamment :

  • Rédiger des courriers de mise en demeure à destination des fabricants ou vendeurs ayant recours à l’obsolescence programmée.
  • Conseiller sur la stratégie à adopter, notamment en cas de litige avec un professionnel concernant la garantie légale de conformité.
  • Assister les clients lors des procédures judiciaires, que ce soit pour engager une action individuelle ou participer à une action collective menée par une association de consommateurs.

Dans un contexte où l’obsolescence programmée est de plus en plus décriée, il est essentiel pour les consommateurs d’être informés et conscients des moyens à leur disposition pour agir face à cette pratique. Les avocats, en tant qu’experts du droit de la consommation, ont un rôle clé à jouer dans l’accompagnement et la protection des consommateurs.

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